Analog Africa réédite l’album Take One du groupe précurseur d’un style populaire, connu plus tard sous le nom de chimurenga, du mot shona signifiant « lutte ».
Cet album n’était sorti en 2006 que sur CD, mais face au succès inaltérable de ces titans de la culture zimbabwéenne, Analog Africa n’a pu résister au projet d’une réédition vinyle et CD de leur musique. Il s’agit d’une version remasterisée par l’ingénieur du son Nick Robbins, qui sonne, il faut l’avouer, encore mieux que la première. Cette deuxième édition a été rendue possible grâce à l’accord des musiciens d’Hallelujah Chicken Run Band, encore bien vivants aujourd’hui.
En 1972, le pays de Rhodésie est en lutte pour l’indépendance du régime colonial britannique. Dans les hôtels et les boîtes de nuit de la capitale, des groupes gagnent leur vie en jouant un mélange d’afro-rock, de cha-cha-cha et de rumba congolaise. Le désir d’indépendance devenant de plus en plus fort, un certain nombre de musiciens zimbabwéens entreprennent de renouer avec leur propre culture. Ils commencent par imiter le son staccato et les mélodies en boucle du mbira (piano à pouces) sur leurs guitares électriques, et à reproduire les rythmes pressants des shakers sur les charleys (cymbales de la batterie). Pour le chant, ils choisissent la langue traditionnelle shona en ajoutant des messages politiques forts à leurs paroles, tout en profitant du fait que le gouvernement minoritaire à prédominance blanche, ne les comprendrait pas. De cette collision entre les instruments électriques et les traditions indigènes est né un nouveau style de musique populaire zimbabwéenne, connu plus tard sous le nom de chimurenga, du mot shona signifiant « lutte ».
Hallelujah Chicken Run Band est le groupe qui a popularisé ce genre. Il voit le jour lorsqu’un jeune trompettiste du nom de Daram Karanga propose de réunir des musiciens pour divertir les travailleurs d’une mine de cuivre dans la ville de Mhangura. Au début, leur musique ne plaît qu’aux propriétaires blancs de la mine. Il faut attendre les arrangements de notes de guitares électriques à la musique traditionnelle shona, pour que le public de travailleurs se déchaîne. Leur réputation s’est rapidement étendue et en 1974, ils sont invités à la capitale pour participer à un concours national de musique organisé par le label sud-africain Teal. Non seulement ils le remportent, mais ils attirent également l’attention du célèbre producteur Crispen Matema, qui organise rapidement leurs premières sessions d’enregistrement. Dès leur premier jour aux studios Jameson House, ils enregistrent une demi-douzaine de chansons, dont « Ngoma Yarira » et « Murembo », deux singles qui allaient changer le cours de la musique populaire zimbabwéenne. Avec ces arrangements de guitares électriques, Hallelujah Chicken Run Band a révolutionné la musique de son pays et compte à son actif huit disques d’or obtenus entre 1974 et 1975.
Sortie de l’album Take One le 11 décembre via Analog Africa et en pré-commande ici.